La taille d’entretien des pommiers et poiriers
Sur des arbres fruitiers formés, il convient de pratiquer une taille d’entretien.
Celle-ci sera pratiquée tous les ans sur les arbres basse-tige et tous les trois à cinq ans sur les arbres haute-tige.
La meilleure période de taille pour les arbres à pépin est l’hiver, avant la montée de sève et en dehors des périodes de gel . Les poiriers seront taillés avant les pommiers et les arbres faibles avant les arbres vigoureux.
En l’absence d’entretien, la couronne de certains arbres a tendance à devenir très dense, encombrée de brindilles et de bois mort. Pour une bonne production, il faut que l’arbre ait de l’air et de la lumière pour un bon éclairement des feuilles et des fruits.
Nous détaillons ci-dessous les opérations de taille en éclaircie, rajeunissement et simplification.
L’éclaircie
Elle se pratique sur l’ensemble de la couronne, de façon régulière : il faut supprimer les branches mal placées, celles qui gênent les autres en les privant de lumière, qui remplissent les intervalles entre deux étages de branches ou qui se croisent. Raccourcissez les branches saines trop longues ou trop basses, retombantes ou gênantes.
Il faut desserrer, aérer, raccourcir sans modifier la structure. L’éclaircie doit être globale et non concentrée sur une seule zone pour garder l’équilibre et l’harmonie de la couronne.
L’outil privilégié est le sécateur. Pour limiter les risques d’infection des plaies, il convient de limiter la surface des amputations. Coupez les branches latérales à la perpendiculaire et les verticales avec un biseau court. Dans tous les cas, évitez les coupes en biais, longues et effilées.
Pour la coupe des grosses branches, nous utilisons une scie ou tronçonneuse. Les plaies doivent être parées avec une serpette ou un couteau pour favoriser la cicatrisation. L’application d’un mastic est optionnelle.
En présence de grosses branches chancreuses, curetez le chancre avec une serpette ou un grattoir jusqu’au bois sain.
Le rajeunissement
À l’intérieur d’un arbre, les plus beaux fruits, sont portés par le bois jeune. Toute l’astuce de la taille de rajeunissement est dans l’anticipation de l’auto élagage de l’arbre. Il faut en quelque sorte « supprimer le bois mort avant qu’il soit mort ».
Ce qu’il faut éliminer, ce sont les rameaux ou les parties de rameaux dépérissant, qui ont déjà porté beaucoup de fruits, et dont le renouvellement est en place. On les reconnaît en observant les arcures.
En effet, à ce niveau on peut souvent constater que le rameau du dessous, prolongement de la branche et moins gros que le rameau du dessus : L’arbre est en train d’abandonner l’ancien prolongement (auto élagage de la partie mal éclairée et retombante), au profit de la branche du dessus qui va devenir le nouveau prolongement.
On rajeunit en supprimant l’ancien prolongement. Cette taille de rajeunissement est en elle-même une éclaircie.
La simplification
Certaines variétés de pommiers de type « spur » comme la Reinette Clochard ont une charpente érigée qui ne s’arque que très difficilement. Leur mode de rajeunissement naturel est différent de celui évoqué précédemment. Sur ces arbres les fruits sont portés par de courtes ramifications, insérées directement sur les branches charpentières très redressées et rigides. Ces ramifications courtes deviennent, avec le temps, de plus en plus nombreuses, tortueuses et de moins en moins productives.
Le rajeunissement s’opère alors par une simplification de ces petits rameaux tortueux, pour permettre une meilleure circulation de la sève et favoriser l’apparition de nouvelles pousses. Dans la pratique on cherchera à supprimer une partie des bifurcations et à raccourcir l’ensemble pour le rapprocher de la charpentière.
Pour réduire l’alternance, cette tendance de certains fruitiers à ne donner qu’un an sur deux, il est conseillé de ne pas tailler l’hiver qui suit une année faste mais de décaler d’un an.
Comme on peut l’imaginer, toutes les combinaisons entre un arbre à structure “rigide” et un arbre à structure “souple” sont possibles. La taille va alors comporter une part de simplification et une part de rajeunissement.
C’est en observant la structure des arbres que l’on peut adapter la taille d’entretien pour respecter leur fonctionnement. C’est ce que l’on qualifie de taille douce. Elle permet aux fruitiers de donner le meilleur d’eux-mêmes sans les forcer, sans les contraindre à se conformer à des modèles imposés.
Sources :
Livre « J’apprends à tailler mes arbres » Alain Pontoppidan Ed Terre vivante 2021
Livre « La taille des arbres fruitiers » J. Beccaletto et Denis Retournard Ed Ulmer 2005
Benoît Tardieu, association du domaine de Merval.